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Attentes réalistes

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« Béni soit l’Homme qui n’espère rien, il ne sera jamais déçu » —Alexander Pope
« Ne demandez pas que les choses se passent comme vous le souhaitez, mais que vous souhaitiez qu'elles se déroulent comme elles se déroulent, et vous continuerez ainsi. » - Epictète, Les discours
« Je n'ai aucun espoir et donc je ne crains rien » - Reepicheep, dans Voyage of the Dawn Treader de C.S. Lewis

Je pense qu’il est nécessaire d’avoir des attentes réa-listes en ce qui concerne chaque aspect de l’apiculture. Je ne dis pas que ces attentes ne peuvent pas quelquefois être dépassées, mais il peut arriver que les objectifs ne soient pas atteints, étant donné que l’échec tout comme le succès dépendent de nombreuses variables.

A titre d’exemples, examinons quelques résultats de certaines de ces variables.

La récolte de miel

Généralement, il est dit aux apiculteurs débutants de ne pas espérer faire une récolte de miel durant leur pre-mière année de pratique. Il s’agit là d’une tentative pour fixer des attentes réalistes. Néanmoins, il suffit d’un bon paquet, avec une bonne reine, dans une bonne année (quantités adéquates de précipitations au bon moment et bonnes conditions de vol) et cette attente pourrait être largement dépassée tout comme dans une situation oppo-sée, elle pourrait se réaliser. Mais en général, l’attente réaliste d’un apiculteur serait que les abeilles s’établissent, hivernent et produisent peut-être un peu de miel.

La cire gaufrée en plastique

Les gens achètent de la cire gaufrée en plastique (ainsi que d’autres instruments en plastique comme le rayon entièrement étiré Honey Super Cell) et finissent parfois par être très déçus. En général, les abeilles vont hésiter à étirer du plastique (ou à utiliser le cadre Honey Super Cell), ce qui ralentit un peu la production. Il peut arriver que les abeilles bâtissent un rayon entre deux feuilles de cire gaufrée en plastique pour éviter de les utiliser. Il peut également arriver qu’elles bâtissent des « arêtes » en partant de la face de la feuille de cire gau-frée. Aucune des pratiques précitées n’est inhabituelle. Mais il peut également arriver que les abeilles étirent plutôt bien la cire gaufrée en plastique. Qu’elles le fassent bien ou mal, dépend d’une combinaison de la génétique et du moment de la miellée. De nombreux apiculteurs qui consta-tent cette hésitation des abeilles, décident de ne plus jamais utiliser des instruments en plastique. Mais en réalité, une fois que les abeilles l’acceptent, elles utilisent la cire gaufrée en plastique ou même le rayon en plastique entiè-rement étiré tout comme elles utiliseraient n’importe quel autre rayon. Le temps d’adaptation des abeilles peut d’un premier abord être perçu comme un contretemps, pour un paquet peut-être que ça l’est, mais une fois ce temps passé, les abeilles n’hésitent plus à utiliser le plastique.

La cire gaufrée

Lors de son utilisation, souvent la cire gaufrée s’échauffe et se déforme, ou alors les abeilles la mâchent entièrement, ou encore elles refusent de l’étirer et bâtissent des arêtes ou des rayons entre les feuilles de cire. Elles le font moins avec la cire naturelle qu’avec la cire gaufrée en plastique, cependant elles le font quelquefois quand même. Il arrive que les abeilles étirent la cire déformée, le rayon qui en résulte est un rayon gâché. De nombreux apicul-teurs après une expérience de ce genre, décident de ne plus utiliser de la cire gaufrée. Ce qu’il faut savoir c’est que ce genre de situation dépend des circonstances. Si vous aviez utilisé la cire gaufrée lors d’une bonne miellée, les abeilles ne l’auraient pas mâchée et l’auraient étirée avant qu’elle ne soit déformée. A mon avis, les gens ont souvent des espoirs irréalistes et lorsque ces espoirs ne se réalisent pas, ils remettent en cause la méthode employée alors qu’il aurait pu y avoir d’autres circonstances à l’origine des problèmes.

Non-utilisation de cire gaufrée

Certaines personnes utilisent des cadres sans cire. Nombreuses sont celles qui ont une chance parfaite avec ces cadres, seulement pour d’autres, leurs abeilles ne comprennent tout simplement pas le concept et bâtissent des rayons de travers. Puisque cela se produit tout aussi souvent avec de la cire gaufrée en plastique qu’avec de la cire gaufrée naturelle effondrée ou déformée etc., à mon avis cela n’est pas très significatif. Par contre, si vous n’avez toujours utilisé que des cadres sans cire gaufrée, vous pourriez supposer qu’avec d’autres méthodes, vous n’aurez pas de problèmes. Il y en aura. Encore une fois, le succès ou l’échec dépendent beaucoup de la génétique et du moment de la miellée.

Ce qu’il est important de comprendre à propos des ruches à rayons naturels, c’est que les abeilles bâtissent des rayons parallèles, un premier bon rayon est suivi d’autres bons rayons tandis qu’un mauvais rayon conduit à d’autres rayons de travers. Vous ne pouvez pas vous per-mettre de ne pas surveiller la manière dont les abeilles commencent le bâtissage.

La cause la plus commune d’un désordre de bâtis-sage est la présence de la cage à reine dans la ruche, les abeilles commencent toujours à bâtir à partir de la cage et ainsi commence le désordre. C’est incroyable le nombre de personnes qui en voulant jouer la carte de la sécurité, suspendent la cage à reine dans la ruche. Elles n’ont mani-festement pas compris que c’est presque toujours une garantie de désordre dans le bâtissage des rayons. Sans intervention, il est garanti que chaque rayon dans la ruche sera de travers.

En cas de rayons de biais, il est important que vous vous assuriez que le dernier rayon soit droit puisqu’il sert de guide au rayon suivant. Vous ne pouvez pas vous offrir le luxe de penser que les abeilles vont ajuster le tir, elles ne le feront pas. Vous devez les remettre sur la bonne voie.

Un désordre de rayons n’a rien à voir avec le fait que les cadres soient filés ou non, tout comme cela n’a égale-ment rien à voir avec la présence ou non de cadres. En revanche, cela a tout à voir avec le dernier rayon droit.

Les pertes

Les apiculteurs débutants pensent souvent que leurs ruches vivront éternellement et parviendront à passer l’hiver. Certains hivers, elles y arrivent, mais en général, la plupart des hivers tuent au moins un petit nombre de ruches. Evidemment, plus vous aurez de ruches et plus le nombre de ruches victimes des hivers augmentera. J’ai tenu des années sans perdre une seule ruche, mais je n’en ai eu que très peu et j’ai toujours combiné celles très affai-blies. Mais ça c’était l’époque avant les acariens trachéaux, les varroas, Nosema ceranae, les petits coléoptères des ruches et autres hôtes de virus que de nos jours nous avons. A présent, j’ai environ deux cent ruches et j’essaie de faire hiverner un grand nombre de ruchettes de force minime, sans compter qu’il y a ces nombreuses maladies et tous ces parasites qui les stressent. Aucune perte hivernale n’est une attente irréaliste, mais de grandes pertes sont le signe que vous faites certainement quelque chose mal ou que le temps est très capricieux.

J’essaie toujours de trouver la cause de mes pertes hivernales. Souvent les abeilles bloquées dans le couvain, meurent de famine. Quelquefois, dans le cas de ruchettes ou de petites grappes, la cause de la perte peut être une sévère vague de froid (-23 à -34°C). La grappe n’est sim-plement pas assez grande pour se réchauffer elle-même. En premier, je recherche toujours des cadavres de varroas. Le fait de trouver des cadavres de varroas sur des abeilles mortes est une bonne indication que les varroas sont la principale cause de leur mort. L’absence d’une telle preuve est probablement une bonne preuve d’un autre problème.

Une fois de plus, ce qu’il y a à retenir c’est que quel-quefois l’hivernage des abeilles peut dépasser, voire cor-respondre à des attentes réalistes. Néanmoins, il est utile de commencer avec des attentes réalistes et d’avancer à partir de là. Les attentes réalistes aussi bien à propos des ruches saines que des pertes, sont probablement de l’ordre de 10% avec certaines années meilleures et d’autres an-nées pires.

Divisions

Une question que les apiculteurs débutants se po-sent souvent est la suivante : « combien de divisions puis-je faire ? ». Exception faite de la question « quelle quantité de miel produira ma ruche ? », la question sur le nombre de divisions est probablement celle dont la réponse varie le plus. En apiculture, la variation de la différence entre une bonne année et une mauvaise est de loin décuplée. J’ai eu certaines années pendant lesquelles chacune de mes ruches a produit jusqu’à 91 kg de miel et d’autres années pendant lesquelles elles n’ont rien produit et j’ai dû nourrir chaque ruche avec environ 27 kg de sucre (entre le prin-temps et l’automne). Pour les divisions, c’est pareil. Cer-taines ruches ne peuvent pas du tout être divisées tandis que d’autres peuvent l’être cinq fois en une année. La plupart des ruches ne peuvent supporter qu’une seule division et continuer à faire une récolte décente de miel et de bonnes réserves pour l’hiver.

Ce qu’il faut retenir de tout ceci, c’est qu’en apicul-ture, les résultats varient considérablement en fonction d’éléments comme la période de l’année, la manière dont vous entretenez vos abeilles etc. Il est très difficile de prédire ce qui pourrait arriver, alors il est vain d’avoir des attentes trop élevées ou pas assez élevées. Prenez les choses comme elles viennent et agissez en conséquence. Soyez préparé à la fois pour le succès exceptionnel et l’échec et faites des ajustements au fur et à mesure que vous avancerez.

Combien de ruches au même endroit?

Une autre question courante concernant l’apiculture est la suivante: «Combien de ruches puis-je mettre dans une place? »Avec un fourrage impressionnant (comme au milieu de 8.000 acres de mélilot) et un temps clément, il peut être presque impossible d’en mettre trop au même endroit. Avec un fourrage de mauvaise qualité et la sécheresse, il se peut que seulement quelques ruches soient trop nombreuses. Un chiffre typique est celui de 20. Il s’agit d’un chiffre rond intéressant qui s’applique en général, mais pour être réaliste, cela dépendra de beaucoup de choses, et beaucoup de ces choses varient d’une année à l’autre.

Le but de tout cela est que les résultats de l'apiculture varient considérablement en fonction de ce qui se passe autour des abeilles ainsi que de choses telles que la période de l’année, la façon dont elles sont soignées, etc. Il est très difficile de prédire quels seront les résultats, il est donc inutile d'avoir des attentes trop élevées ou trop basses. Prenez les choses comme elles viennent et ajustez-vous. Soyez prêt pour un succès ou un échec exceptionnel et ajustez-le au fur et à mesure.

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